Benedicite

Dans un champ verdoyant, au milieu des pommiers, 
Deux cavales affamées s’apprêtent à brouter. 
Une baie et un alezan, nobles et fiers, 
S’avancent vers l’herbe en une démarche altière.

La botte de fétuque, tremblante et apeurée, 
Implore le ciel d’une prière murmurée : 
Seigneur, je prie pour que celui qui va brouter, 
ait une pensée chrétienne avant de me couper.

La dyade ignorait l’herbe dans son silence, 
Et continuait son chemin avec insouciance. 
Soudain, l’alezan, dans un élan de piété, 
Murmura une prière de grande humilité :

Seigneur, bénis ces mets que nous allons manger, 
Que ceux qui l’ont fait croître soient aussi honorés. 
Que cette herbe procure force et réconfort, 
À ceux qui en manquent et attendent encore.

La touffe d’herbe, apaisée par cette bénédiction, 
Se laissa consommer sans une rébellion. 
Par cette grâce, elle trouva consolation, 
Aidant dame nature à poursuivre sa création.

Kandide

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