Cheval qui résiste, cheval qui souffre… Comme tout être vivant, le cheval, être de chair, de sang et d'os est assujetti à toutes les petites misères plus ou moins prononcées inhérentes à l'état de son moral ou de son physique. Elles peuvent être bénignes ou accentuées en fonction certes de l'âge (le corps vieillit irrémédiablement). Elles peuvent aussi être atténuées ou provoquées et même aggravées selon le soin avec lequel le cavalier va les appréhender.
Bien souvent nous avons du mal à admettre que le cheval puisse souffrir.
J'entends bien ici ne pas mettre en cause la bonne volonté du cavalier qui, croyant bien faire, ne se rend pas compte du préjudice qu'il peut porter au moral et au physique de celui pour qui il dispense une énorme affection et pourtant si peu d'attention. On ne peut pas condamner celui ou celle qui ne sait pas, seulement attirer son attention sur ce qu'on peut appeler la théorie du 'point douloureux'.
Le souci primordial, la responsabilité première du cavalier est de prendre en compte, à chaque étape de la progression de son travail, le degré de résistance du cheval à la demande de son cavalier. On peut la classer en quatre catégories : celle de la raideur, celles des résistances proprement dites de poids et/ou de force et enfin celle de la défense. Toutes ces résistances peuvent être plus ou moins renforcées, à l'état naturel, selon la conformité, l'âge ou la race.
Le cheval manifeste son état de stress par l'opposition du physique à exécuter ce que lui demande son cavalier. Cela se traduit au plan de la raideur par une 'retenue' de se livrer complètement; au plan de la résistance de poids par une 'pesanteur' du poids tête-encolure sur les mains du cavalier; au de plan de la résistance de force, par un 'refus' de prendre le mors (coups de tête ou tête dans le poitrail); au niveau de la défense, par un 'rejet' total du cavalier.
Il faut maintenant comprendre le processus qui peut mener le cheval jusqu'à refuser que le cavalier puisse le monter. Il faut donc aller chercher ce fameux point douloureux. Ensuite, après l'avoir trouvé, il va falloir agir de telle sorte qu'on le réduise jusqu'à le faire disparaître. Pour ce faire, il nous faut entrer dans le mécanisme de la résistance en situant précisément son point de départ (la cause) et son point d'arrivée (les conséquences.)
Si on admet communément que c'est la poussée des postérieurs qui fait monter les épaules, faisant se soutenir le bloc tête-encolure, rendant le cheval cohérent et permettant de le diriger facilement, on comprendra mieux que le foyer des forces propulsives, se situant dans l'arrière-main peuvent devenir, à l'occasion des forces d'opposition. Si l'on considère que le cheval est un être qui ne peut pas tricher, ni faire semblant, c'est parce qu'il aura mal à cet endroit, qu'il ne pourra donc pas exécuter ce qu'on lui demande.
Les conséquences vont immanquablement se porter sur l'avant-main et plus particulièrement sur la bouche du cheval, et donc de l'acceptation ou non du mors. C'est ainsi que tous les désordres engendrés par un manque de musculation du dos du cheval ( manque d'équilibre, bute, tombe sur les genoux, se met sur les épaules, manque de cohérence, tourne bien à gauche mais pas à droite, se sauve après avoir sauté, ne marque pas l'arrêt, etc.) se répercutent sur sa bouche, élément organique fondamental de la conduite directionnelle du cheval, de la régularisation de ses allures et de la maîtrise de sa vitesse.
'Un cheval qui accepte le mors, c'est un cheval qui a la puissance musculaire de pouvoir le faire'